Prendre un enfant par la main …

Aujourd’hui, une enfant de 8 ans m’a appris que l’on pouvait grandir si quelqu’un nous tient par la main.

Je marchais avec elle sur le trottoir, ayant reçu pour mission de leur mère de ramener à la maison elle et sa soeur au sortir de la bibliothèque. Au passage d’un boulevard à 4 voies très achalandé, elle me dit qu’elle n’aime pas passer par ce chemin parce qu’il y a trop de voitures et qu’elles lui font peur. Sa soeur répliquant que c’est le chemin le plus court, elle me dit alors tu vas me tenir la main. Dans ma tête d’adulte beaucoup trop rationnel, j’ai pensé que même en lui tenant la main, si une voiture devait nous foncer dessus, nous serions mortes ou à tout le moins pas en train bon état. Mais est-ce que c’était réellement ce qu’elle me disait ?

Je ne crois pas que les enfants, même tout petits, croient en une sorte de toute puissance des adultes qui pourraient les protéger de tout. Je crois qu’en fait, elle me disait : « toi, tu sais comment traverser la rue sans que les voitures nous roulent dessus. Si tu tiens ma main, j’ai confiance, j’affronte ma peur et j’apprend à traverser. Dans quelques mois ou quelques années, j’arriverai à traverser toute seule et même à en faire traverser d’autres. »

Faire confiance, c’est croire, c’est un acte de foi. C’est dire à l’autre, je crois que si tu me tends la main, tu peux m’aider à grandir, à affronter mes peurs, à guérir et un jour à marcher seul de nouveau et puis à tendre la main à mon tour. Pour un enfant, c’est un acte tout simple de s’en remettre à plus grand que soi. Pour un adulte, c’est beaucoup plus compliqué. Il y a le risque de s’emmêler dans les sentiments, les désirs, l’orgueil et le sentiment de dépendance, la difficulté de lâché prise, d’accepter que l’on a pas le contrôle sur tout. Faire confiance demande alors beaucoup d’humilité et d’abandon. Pourtant, c’est la foi qui sauve …

Et puis, il y a aussi une chose formidable qui se produit … Cette toute petite main tendue, à peine perceptible dans une grande main d’adulte, fait aussi grandir le coeur de celui qui l’a reçoit.

Aujourd’hui, c’était en fait mardi et l’Évangile du jour parlait justement d’une fillette, de 12 ans celle-là, que tous croyait morte. Pourtant, Jésus entre dans la pièce où elle est et « Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher. (Marc 5, 21-43

L’Évangile, regorge d’exemples comme celui-là, où Jésus prend des gens par la main pour les relever :

Jésus s’approcha d’elle, la prit par la main, et il la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. (Marc 1, 29-31, Matthieu 8, 14-15)

Mais Jésus, lui saisissant la main, le releva, et il se mit debout. (Marc 9, 14-30)

Je concluerai sur ces paroles d’Yves Duteil qui résument bien le propos de ce billet :

« Prendre un enfant par la main
Pour l’emmener vers demain.
Pour lui donner confiance en son pas »

– Yves Duteil, Prendre un enfant

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